« Les arènes de la Maestranza sont, sans aucun doute, l’un des plus beaux monuments de la ville (…) l’un de ces édifices exempts, capables d’affronter seuls le passage du temps et qui font de Séville ce qu’elle est. Existe-t-il un terrain plus beau que la Maestranza ?

Surplombant le fleuve, la Maestranza a vu couler les eaux du Guadalquivir sans ressentir le passage du temps. Et si la Giralda unit les cultures, la Maestranza nous rappelle qu’il y a toujours un lieu pour les courageux, que notre destin n’est pas gravé dans la pierre.

Nul ne peut douter que la Maestranza soit, et ait toujours été, l’arène par excellence, celle qui représente le mieux ce que la fête tauromachique est capable de donner, (…) elle est depuis toujours une œuvre architecturale qui se vit dans le temps.

Parler de l’architecture de la Maestranza, c’est parler de ses proportions, de la relation que les gradins et les arcades établissent avec la piste. En entrant dans l’enceinte de la Maestranza, on est toujours surpris par l’ampleur de ses arènes généreuses, qui sont certainement responsables du fait que nous nous sentions immédiatement transportés dans la pleine campagne, tout en restant conscient d’être au cœur d’une métropole comme Séville (…). La Puerta del Príncipe est la parenthèse inespérée dans la ville qui, comme je l’évoquais, nous fait sentir à nouveau l’air des pâturages où sont élevés les taureaux, la pleine campagne. Dans combien d’autres arènes cela se produit-il ? J’oserais dire qu’il n’y en a aucune.

La piste se prolonge dans les gradins, de sorte que les planches bien peintes de la barrière, qui forment l’allée, lui donnent l’aspect d’un ruban gracieux. Ce ruban limite le sable d’arène, en établissant une note de couleur qu’il est très difficile de trouver dans d’autres arènes. Le sable d’arène de la Maestranza. Ce n’est pas rien. C’est l’univers du torero, et c’est ainsi que ce dernier le ressent lorsqu’il voit que sa condition convexe rend présent en lui ce que le poète a appelé « l’intégrité de la planète » (…). Le torero ressent la rondeur de la Terre (…). Le sable d’arène de la Maestranza que foulèrent tous ceux qui ont voulu être toreros : Pepe Hillo et Pedro Romero, Paquiro et Cúchares, Frascuelo et Lagartijo, Joselito et Belmonte… »